RIZINDE Jean-Claude – Université de Goma (Goma, RD Congo)
Contribution à l’inventaire et à l’étude de l’écologie des champignons comestibles du Secteur Nord du Parc National des Virunga
La mycoflore comestible du PNVi est peu connue. La présente étude s’est attelée à inventorier et établir l’écologie des champignons comestibles dans les contrées de son secteur Nord. En effet, les inventaires ont été réalisés dans cinq étages d’altitude distingués selon les différences physionomiques et floristiques des végétations situées entre 850 et 1800 mètres d’altitude sur le flanc Ouest du massif de Ruwenzori. La plupart des espèces obtenues, 93 % du total, sont saprotrophes et 7 % sont des symbiotes termitophiles. Au total, 76 espèces des champignons ont été reconnues comestibles sur base des analyses macroscopiques, microscopiques et d’enquêtes ethnomycologiques.
Les basidiomycètes inventoriés appartiennent à 16 familles dont celles des Agaricaceae (12 espèces), Polyporaceae (11 espèces), Physalacriaceae (9 espèces), Marasmiaceae (8 espèces) et Lyophyllaceae (5) sont les plus représentées. Nous avons constaté l’absence des familles ectomycorrhiziennes de Russulaceae et Cantharellaceae typiques des forêts claires. L’analyse de la répartition des espèces par rapport à l’altitude indique que les champignons sont inégalement répartis entre les cinq étages d’altitude parcourus, l’étage submontagnard inférieur étant le plus diversifié avec 36 espèces soit 47.4%. L’enquête ethnomycologique a été réalisée au sein des trois ethnies majoritaires dans la dition, à savoir les ethnies Nande, Mbuba et Mbuti. Le test d’indépendance a montré que le nombre d’espèces consommées varie d’une ethnie à une autre. La méthode de classification hiérarchique démontre un rapprochement des ethnies Nande et Mbuba qui ont en commun un grand nombre d’espèces consommées. Etant donné que nos résultats proviennent d’une portion du PNVi, une grande partie du potentiel mycologique de ce parc reste à explorer. Des études pour la valorisation des services écosystémiques que peuvent procurer les champignons comestibles du PNVi dans les domaines de l’écologie, la nutrition et la pharmacie pourraient déboucher sur des innovations bénéfiques.