BALEZI ZIHALIRWA Alphonse – Université Officielle de Bukavu (Bukavu, RD Congo)
Diversité mycologique et perception paysanne de la domestication des souches exotiques des champignons à Mushinga et Lubona en territoire de Walungu
L’insécurité alimentaire grandissante est renforcée par la démographie galopante de la population et la difficile acquisition des terres cultivables mais aussi par l’ignorance de certains produits forestiers comme les champignons. Une enquête ethno-mycologique suivie d’observations individuelles sur le terrain et d’une évaluation de la perception paysanne sur la domestication de la souche P696 de Pleurotus ostreatus ont été menées auprès de la population de Mushinga et Lubona. Ce travail nous a permis d’identifier dix espèces de champignons saprotrophes lignicoles et symbiontes associés aux termites et ont montré que Schizophyllum commune, Termitomyces robustus et T. microcarpus sont consommés par la totalité de la population de nos sites d’étude. Auricularia cornea et Amanita rubescens sont consommés par plus de 70 % de la population. Lactarius deliciosus et Marasmius bekolacongoli sont appréciés par près de la moitié de la population alors que Cantharellus luteopunctatus, Marasmius arborescens et une espèce non identifiée, connue sous le nom de « Cimba dodo », ne sont consommés que par moins d’un tiers de la population. Ces espèces sont disponibles durant la saison pluvieuse où les ¾ de la population les ramassent et les consomment le même jour faute d’une méthode efficace de conservation. Par ailleurs, quelques espèces sont également disponibles au début de la saison sèche. Selon les enquêtés, les raisons qui influencent l’adoption de la culture des souches exotiques de champignons dans notre milieu d’étude sont leur cycle court de production (45%), leur rentabilité (2 %) et leur bon goût (22%). Enfin, 6% de la population affirment que la culture des champignons est simple à mettre en œuvre et peut être une source rapide de revenus. Les raisons invoquées pour rejeter les souches exotiques seraient le manque de semences et de substrats (69,1%), le manque d’informations sur leur culture (21,8%), les exigences de la culture (notamment l’aménagement d’un tunnel ou d’un hangar pour la fructification et l’arrosage régulier) (7%) et l’incertitude du marché (2%). Cette étude montre que 98,2 % de nos enquêtés ont une connaissance sur la culture de la souche P696 de Pleurotus ostreatus.